Le Sommet qui a failli ne pas avoir lieu

La conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, communément appelé « Sommet de la Francophonie » a lieu tous les deux ans. Le 14e sommet avait lieu à Kinshasa en République Démocratique du Congo (RDC) du 12 au 14 octobre 2012. Malgré que le choix du pays ait été déterminé longtemps à l’avance, le doute a subsisté jusqu’au 24 août sur la tenue du Sommet en raison du fait que le président français, François Hollande, avait des réserves à se rendre à l’événement dans un pays ou la démocratie et les droits de l’homme sont bafoués selon les rapports officiels des organismes de surveillance de la démocratie. La principale raison du malaise du président français est la réélection controversée du président de la RDC, Joseph Kabila, en novembre 2011.

On peut considérer que la stratégie de communication du président français avant et pendant la tenue du Sommet, a été couronnée de succès. Le président français a très bien manœuvré et réussit à imposer ses conditions pour garantir sa venue au sommet qui n’aurait pu avoir lieu sans la présence de la France. La stratégie globale de communication de la France quand il s’agit de l’Afrique, depuis le président Mitterrand et son discours de La Baule en 1990 , a toujours été de jouer le rôle du gendarme des droits et libertés et de la démocratie. En cela, le président François Hollande inscrit sa politique étrangère en Afrique dans la poursuite de cette stratégie.

Il a atteint ses objectifs : d’une part, réaffirmer l’importance de ces valeurs aux yeux des membres de l’Organisation internationale de la Francophonie et, d’autre part, rappeler que la présence de la France est essentielle à la tenue de l’événement en tant que pays fondateur de cette organisation. De plus, le président français est allé aussi loin que de qualifier de « situation inacceptable » l’état de la démocratie et des droits de l’homme en RDC quatre jours avant le début du Sommet. Grâce à cette sortie en règle, le président français a pu faire taire les critiques des défenseurs des droits de la personne au sein des sociétés civiles congolaises et françaises qui étaient outrées de la manière dont il s’accommodait de la situation irrégulière qui prévaut en RDC.

Donc, en tant qu’hôte de l’événement, le président Kabila n’avait pas le choix d’accéder aux demandes du président français de convenir à des avancées concrètes en matière de démocratie et de respect des droits de l’Homme.

Finalement, sur place, le président Hollande a continué à soutenir le même discours en marquant une distance polie en n’applaudissant pas le discours et en ne s’affichant pas en conférence de presse avec le président Kabila. Tout cela sans créer de « faux pas » diplomatique.

Sources :

Le monde

« François Hollande a Kinshasa l’art délicat d’éviter les embarras »

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/10/15/francois-hollande-a-kinshasa-l-art-delicat-d-eviter-les-embarras_1775452_823448.html?xtmc=sommet_de_la_francophonie&xtcr=7

Jeuneafrique.com

« François Hollande participera au sommet de la Francophonie à Kinshasa, en octobre »

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20120824095621/

« Sommet de la Francophonie : les « signaux de la RDC à la France »

http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2689p008-009-bis.xml9/france-diplomatie-rd-congo-ministresommet-de-la-francophonie-les-signaux-de-la-rdc-a-la-france.html

France 24

« Hollande provoque l’ire de Kinshasa avant la rencontre de la francophonie »

http://www.france24.com/fr/20121010-hollande-provoque-ire-kinshasa-avant-rencontre-francophonie-democratie-droits-homme

Organisation Internationale de la Francophonie

http://www.francophonie.org/

Le discours de La Baule

http://www.rfi.fr/actufr/articles/037/article_20103.asp

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